Christine Lagarde, la ministre française des finances a été nommée, ce Mardi 28 Juin directrice du FMI. A 50 ans, elle prendra ses fonctions dès le 5 juillet prochain. A 19h35, le FMI a annoncé officiellement la nouvelle dans un communiqué. Les responsables du magazine Forbes, qui l'ont placé l'année dernière à la dix-septième place du classement des femmes les plus puissantes du monde, devront certainement réviser leur classement. Après avoir été la première présidente du gros cabinet d'avocats américain Baker & McKenzie, après avoir tenu plus de quatre ans à Bercy (quand sept ministres s'y étaient succédé en sept ans), la ministre est aussi la première femme à assurer la direction de l'un des organismes internationaux les plus prestigieux, et cela à l'un des moments les plus forts de son histoire, au sortir de l'une des plus graves récessions mondiales, et à la suite de l'affaire de son compatriote Dominique Strauss Kahn. Ainsi, elle devient la première femme à prendre les reignes de cette institution internationale. La dernière inconnue majeure était la position des Etats-Unis, demeurés jusqu'à mardi neutre sur la question. Aujourd'hui, le trésor Timothy Geithner a fini par exprimer le choix US, en annonçant que Washington soutenait Christine Lagarde, saluant son « talent exceptionnel » et sa « grande expérience ». Vue le risque de défaillance des USA de payement de sa dette publique fin Aout, il y avait du doute quant à sa position de la candidature de Largarde. Dès lors, les jeux étaient faits. Répartis au prorata des contributions au FMI, les droits de vote au conseil d'administration donnaient largement l'avantage à la Française : l'Europe en détient 40%, les Etats-Unis 17% et la Chine, la Russie et le Brésil, trois fortes composantes des BRIC, avaient déjà annoncé plus ou moins explicitement leur ralliement.
Née le 1er janvier 1956 à Paris de parents enseignants, Christine Lagarde est diplômée en sciences politiques, titulaire d'une maîtrise d'anglais et d'un diplôme de droit social et de la concurrence. Ses proches vantent sa «culture de la négociation multilatérale» et ses «réseaux». Elle explique que les femmes «projettent moins de libido, moins de testostérone» en politique. «Cela aide» de ne «pas nécessairement investir nos egos dans une négociation», disait-elle en octobre 2010 à la chaîne américaine ABC. Pour cette ancienne championne de natation synchronisée, mère de deux enfants, les débuts dans l'arène politique française n'ont toutefois pas été sans couac. Fraîchement débarquée de Chicago en juin 2005 pour rejoindre le gouvernement d'alors au Commerce extérieur, elle avait été rappelée à l'ordre pour avoir critiqué le droit social français (protecteur du salarié), des propos trahissant une sensibilité libérale très américaine. Elu président, Nicolas Sarkozy la fait monter en grade en juin 2007: après un passage éclair à l'Agriculture, elle devient la première femme ministre de l'Economie et des Finances d'un gouvernement français. Elle a vécu sept ans aux USA et elle s'est distinguée par sa bonne gérance de la crise financière.
La nomination de Largarde devrait rassurer les places financières internationales quant à la poursuite de la politique de soutien de l'institution aux économies en difficulté. Une politique farouchement défendu par DSK. On attend donc à une embelli des bourses Européennes pour la séance de demain.
Risques de défaut de paiement de la Grèce, conséquences du «printemps arabe» et guerre des taux de changes : la nouvelle patronne du Fonds monétaire international aura fort à faire pour remettre de l'ordre dans une institution qui doit désormais faire de la place aux émergents.
ReplyDeleteLe Fonds monétaire international (FMI) ne pouvait pas choisir un plus mauvais jour pour nommer son nouveau directeur général. Alors que le Parlement grec s'apprête à accepter ou non le plan de rigueur imposé au pays, la Grèce s'est mise en grève pour 48 heures. «Nous sommes sur le point de voir apparaître quelqu'un qui s'avère très bien soutenu. C'est très important car cette institution est confrontée à de nombreux défis». Le secrétaire au Trésor des États-Unis Timothy Geithner ne croit donc pas si bien dire.
Risques de défaut de paiement de la Grèce, conséquences du «printemps arabe» et guerre des taux de changes : la nouvelle patronne du Fonds monétaire international aura fort à faire pour remettre de l'ordre dans une institution qui doit désormais faire de la place aux émergents.
ReplyDeleteLe Fonds monétaire international (FMI) ne pouvait pas choisir un plus mauvais jour pour nommer son nouveau directeur général. Alors que le Parlement grec s'apprête à accepter ou non le plan de rigueur imposé au pays, la Grèce s'est mise en grève pour 48 heures. «Nous sommes sur le point de voir apparaître quelqu'un qui s'avère très bien soutenu. C'est très important car cette institution est confrontée à de nombreux défis». Le secrétaire au Trésor des États-Unis Timothy Geithner ne croit donc pas si bien dire.
Risques de défaut de paiement de la Grèce, conséquences du «printemps arabe» et guerre des taux de changes : la nouvelle patronne du Fonds monétaire international aura fort à faire pour remettre de l'ordre dans une institution qui doit désormais faire de la place aux émergents.
ReplyDeleteCrise de la dette grecque
Premier dossier urgent, la dette de la Grèce. Malgré un plan de soutien de 110 milliards d'euros qui devrait s'accompagner d'un autre sauvetage du même montant, le pays n'arrive pas à sortir de la crise. Le nouveau directeur général devra prouver aux États membres que le pays peut se redresser de la crise économique et budgétaire où il s'est enfoncé. «Sur la Grèce, il n'y a plus de débat, affirme Marc Fiorentino, président d'Euroland Finance. La restructuration est inévitable. Reste à savoir à quel moment le plan sera mis en place. C'est l'Allemagne qui décidera. Le FMI n'a qu'un rôle de 'suiveur'».
Conséquences du «printemps arabe»
L'autre dossier phare qui attend le nouveau directeur est le suivi des révoltes dans le monde arabe. Les États membres du FMI lui ont demandé de prêter une «attention particulière» aux répercussions économiques de ces révolutions. . Parmi ces pays arabes, l'Égypte. Après avoir demandé au début du mois de juin au FMI un prêt de trois à quatre milliards d'euros, le pays a finalement renoncé à cette aide internationale. «Cette décision est politique, assure Marc Fiorentino. Le gouvernement ne peut pas 'vendre' cinq années de rigueur alors que le pays vit en plein rêve après avoir 'gagné' sa révolution. Le FMI doit donc adopter un discours plus tourné vers l'investissement et moins vers la rigueur». Avec la Banque mondiale, le Fonds doit ainsi coordonner l'aide financière internationale pour l'Egypte, la Tunisie et d'autres pays éventuels. Le pays pourrait avoir besoin d'environ 10 à 12 milliards de dollars d'ici à juin 2012.
Résoudre la « guerre des taux de change »
Le FMI doit réviser à l'automne le cadre de sa surveillance des taux de change, qui ne satisfait pas grand monde. Le nouveau directeur général devra trouver des compromis difficiles entre la Chine, qui souhaite mener sa politique de change comme elle l'entend, et ceux qui souhaitent que le Fonds sévisse contre un grand État membre ayant une monnaie nettement sous-évaluée. «Je n'y crois pas, la guerre des changes est permanente. Ce sera d'autant plus difficile que Christine Lagarde doit beaucoup à la Chine».
Tenir ses promesses à la Chine
Si Christine Lagarde a été nommée patronne du Fonds monétaire international, elle le doit en effet en grande partie à la Chine, qui a officialisé lundi son soutien à la future ex-ministre des Finances. Jusque-là, le pays s'était toujours refusé à s'exprimer publiquement sur le sujet. Alors que les pays émergents briguaient le poste, arguant qu'il leur avait été promis lors de la nomination de Dominique Strauss-Kahn en 2007, ils se sont finalement résigné à céder la place à un Européen pour mieux gérer la crise de la dette dans la zone euro. Non sans avoir sans doute négocié une contrepartie. «Christine Lagarde a dû lâcher du lest vis-à-vis des pays émergents et notamment vis-à-vis de la Chine, soutient Marc Fiorentino. Elle n'avait pas le choix». Elle a ainsi promis d'augmenter les droits de vote du pays au FMI de 6,19% à 6,4% et «d'inclure des représentants chinois». La vice-présidence de l'institution pourrait ainsi revenir à Pékin.
Il n'est pas sûr que l'Europe et les États-Unis voient cet accord d'un très bon œil. Les marges de manoeuvre de Christine Lagarde ne risquent-elles pas d'être réduites ? «Elle a une grande culture du consensus et sait coordonner les zones économiques entre elles. Elle a certes un profil européen mais est aussi très ouverte sur le monde anglo-saxon», conclut Marc Fiorentino.