Crise, Crise, Crise… Crise financière, crise économique. Une crise dévastatrice qui a dépassé le périmètre de l’économie virtuelle pour toucher l’économie réelle. Les taux de chômage sont en hausse partout dans le monde. Aucun ne fut épargné ; ni les pays émergeants, ni les pays sous développés. De Sydney à New York et en passant par Hong Kong, El Manama, Francfort et Londres aucun n’a réussi à éviter la crise. Ni les formules sophistiquées de calcul du risque,
Les toutes premières crises de
L’année 1620 connut la première crise financière de l’histoire. Grâce à son port et son emplacement géographique, Gêne était un hub commercial pour la marchandise venant du monde entier notamment du continent Américain (surtout l’or et l’argent venant de l’Amérique). Les Lombards, alors reconnus pour leurs qualités de comptables et de spéculateurs se spécialisaient dans l’activité du crédit et finançaient les princes d’Europe aussi bien que les industriels du textile. La récession de l’activité venue de l’Espagne fragilisait brusquement la position de Gêne en tant que centre de capitalisme en provoquant une pénurie de ressources et de mains d’œuvre. Gêne se voyait, alors, dépassée par Amsterdam. Depuis, les écarts en volumes d’échanges et de niveau de vie se sont creusés entre les pays nordiques, le Pays-Bas comme centre, et les pays du bassin de
En 1637, Amsterdam connut à son tour une crise financière. Les hollandais, connus par le commerce des bulbes de tulipe (fleur originaire de Constantinople), créèrent les premiers contrats à termes (contrats d’achats notariés entre deux acheteurs s’effectuant à la fin de la saison) et une bourse de commerce où se négociaient ces contrats de vente des bulbes de tulipe. Le but était de faire face aux demandes croissantes des bulbes et aux cycles de culture de la fleur. La spéculation sur ce produit de lux était tellement poussée au point que certaines variétés se négociaient jusqu’à vingt fois le salaire annuel d’un artisan. La crise (la tulipomanie) se déclencha en Février 1637 lorsque le cours des bulbes connut un effondrement brutal. En conséquence, plusieurs contrats à termes n’ont pas été honorés et un nombre important d’individus et d’institutions ont fait faillite. Ainsi, la politique expansionniste qui favorise la spéculation et néglige le risque (les autorités finissaient par retirer la clause d’obligation d’achat des contrats à termes de la tulipe) a prouvé ses limites et a fini par créer la première bulle spéculative de l’histoire qui a fait effondrer tout le système.
En 1717, afin de diminuer ses charges de dettes, le gouvernement Britannique échangea avec
Avec le soutien du parti démocrate, le président des Etats-Unis d’Amérique Andrew Jackson décida en 1836 de subordonner la vente des terres de l’état à un payement en métaux précieux au lieu des billets de banque. Le but de la loi était de responsabiliser les banques qu’ils accusaient de créer de l’inflation et de la spéculation en mettant en circulation des billets non couverts par des réserves de métaux. Cette décision constituait un frein devant les investisseurs étrangers, notamment les Anglais, pour l’achat de terres d’état. En 1837, lorsque la banque Centrale d’Angleterre décida d’augmenter ses taux sur les dépôts, les capitaux fuirent les Etats-Unis vers
Les crises du XXème siècle
Si le XIXème siècle a connu la création de la plus part des grandes banques américaines d’aujourd’hui notamment J.P. Morgan, Rockefeller, Chase, City, Lehman Brothers, Morgan Stanley, le XXème siècle a connu la « guerre mondiale des banques ». Dès l’avènement du XXème siècle, les institutions américaines se sont devenues des instruments de collecte massive de l’épargne et de placement de titres et elles commencèrent à se substituer aux banques britanniques : Elles prêtaient généreusement en Amérique et aux quatre coins du monde et elles mêlaient investissement et dépôt. Rassurée par la croissance de la valeur de son portefeuille boursier, la classe moyenne n’hésitait pas à s’emprunter au-delà de ses capacités réelles et elle affichait un engouement pour l’immobilier en Floride. Le système financier, d’or et déjà déséquilibré et instable, finit par s’écrouler à la suite de la constitution du cartel des grandes compagnies pétrolières (les sept soeurs) en 1928 : la constitution de ce cartel a fait grimper le prix de l’essence et a effondré la production automobile. Le long de l’année 1929, la crise s’aiguisait aux Etats-Unis et se propageait pour atteindre d’autres économies : la dette américaine a frôlé les 300%, 345 banques américaines fermaient les 6 premiers mois et 4000 déclaraient faillite dans l’année, le 24 Octobre à la mi-journée le Dow Jones affichait un recul de 22,5 %, les petits porteurs se bousculaient à Wall Street pour y brader leurs actions, l’Allemagne de Weimar déjà ruinée par la guerre tomba en une longue déprime. La même année, la crise financière donna naissance à une crise économique avec une forte hausse du chômage estimée à 25%. Chaque pays chercha, alors, son salut dans les mesures de protectionnisme ; à titre d’exemples, l’Allemagne instituait un contrôle total des changes et un groupement de pays européens créait une zone Sterling pour mettre fin à la convertibilité Or de
Le Lundi 6 Octobre 2008 (the Black Monday) a prouvé que, mondialisation et économie de marché aidant, aucun pays n’est à l’abri des turbulences du monde de la finance : Paris CAC 40 (-9,04%), USA Dow Jones (-6,07%), London FTSE (-7,85%), Francfort DAX (-7,07%), Riad TASI (-9,81%), Dubaï DFM (-7,61%), Abou Dhabi ADSM (-5,61%), Johannesburg JSE (-7,30%), Moscow RTS (-19,10% et la cotation a été interrompue trois fois au cours de la journée), Tunis TUNINDEX (-4,88) et Casablanca MASI (-2,30%).
Les crises récentes
Ces quarante dernières années, le monde connut quatorze crises financières soit une moyenne d’une crise toutes les 2,85 années. De la crise de change de 1971 à la crise financière planétaire de 2008, qui s’ajouta à la crise des subprimes, en passant par la crise des Saving & Loans (caisses d’épargne Américaines) de 1986 et la crise financière de l’Asie de 1997, le monde de la finance a trouvé du mal à digérer des crises dont l’étendu et l’envergure ont menacé les pays émergeants aussi bien que les pays développés. D’ailleurs, à titre d’exemple, la crise de la dette des pays du sud en
Des leçons, des conséquences et des interrogations
En revenant sur les différentes crises énumérées ci-dessus, nous remarquons que la l’effondrement brutal d’une activité backbone d’une économie entraine la dés-stabilisations du système monétaire et financier. D’où l’intérêt de la diversification de l’économie et des marchés.
En temps d’un Tsunami financier désastreux, le magma d’idées et d’interrogations est un premier pas vers la résolution. Aujourd’hui, partout dans le monde on parle d’ « éthique financière », de moyens efficaces qui nous permettent d’empêcher le transfert du risque et de garantir la fluidité du marché interbancaire et l’équilibre entre le volume des emprunts sur le marché bancaire et le marché boursier.
Plusieurs crises ont prouvé que la politique expansionniste et la ruée effrénée vers l’enrichissement se traduit, effet iceberg aidant, par une bulle spéculative. De mêmes les politiques permissives des banques et l’engouement affiché à l’économie virtuelle et aux montages et aux produits financiers complexes à haut risque (notamment les Black-Scholes et les Junk Bonds) fragilise le système financier et monétaire.
Last but not least, les paradis fiscaux et l’absence d’une politique financière et monétaire commune et/ou l’incapacité des institutions financières internationales à faire passer et à faire respecter les réglementations qu’elles dressent renforcent l’inégalité de la distribution de la richesse, approfondissent le gap entre le Nord et le Sud, fragilisent les économies sous développées et privent les économies développées de plusieurs opportunités de croissance notamment en période de crise.
D’autres conséquences de la crise financière que nous vivons peuvent être qualifiées de métamorphoses. A titre d’exemples, nous citons la révision de la rémunération des traders et l’élargissement du club des décideurs de la planète finance à 20 Etats pour inclure le Brésil, l’Arabie Saoudite et l’Afrique du Sud et ce à la recherche d’une meilleure gouvernance.
En temps de crise, il est important de poser les bonnes questions et de rester méfiant ; d’ailleurs, l’embellie qu’a connue les bourses internationales ces deux derniers mois nous donne droit à l’espoir mais elle est loin d’être rassurante. Sommes-nous devant une maladie chronique qui exige une vaccination voire même la recherche d’un nouveau vaccin qui arrête le mal engendré par la défaillance de nos anticorps ? Sommes-nous devant un mal sécuritaire où seules la vigilance et la veille continues sont les remèdes exactement comme c’est le cas pour les virus informatiques dont la virilité et l’étendu de la contamination sont méconnues et imprévisibles ? Désormais, en temps de grippe porcine et de bourses électroniques, l’évocation des registres médical et informatique s’impose.
dans l’attente d’un éclaircissement du paysage de la finance à l’échelle planétaire, toute bonne nouvelle est désormais « a pencil of light in the darkness » et en espérant aboutir à un système financier et monétaire plus équilibré contentons nous de dire « Small is beautiful, but safer is charming » !
En temps d’un Tsunami financier désastreux, le magma d’idées et d’interrogations est un premier pas vers la résolution. Aujourd’hui, partout dans le monde on parle d’ « éthique financière », de moyens efficaces qui nous permettent d’empêcher le transfert du risque et de garantir la fluidité du marché interbancaire et l’équilibre entre le volume des emprunts sur le marché bancaire et le marché boursier. On parle, également, de l’expérience des Japonais qui ont réussi à survivre avec un Nikkei en baisse et une économie en récession depuis vingt ans.
« Small is beautiful »
Devant une machine financière mondiale grippée faut-il sourire au moindre faisceau de soleil afin d’éviter une dépression accablante ? Devant un modèle capitaliste à réviser et une politique économique basée sur la mondialisation (malgré tout le bien qu’elle nous a apporté la mondialisation), sommes-nous devenus nostalgiques à des vieux adages du genre « Small is beautiful ».
A l’échelle régionale, grâce à une politique financière prudente et des marchés maitrisés, Tunisie Maroc et Egypte ont réussi à résister à la crise financière. Mieux, le gouvernement Tunisien a eu le mérite de lever des fonds en pleine crise : l’appel d’offre international d’octroi d’une nouvelle licence de téléphonie globale a suscité l’intérêt des opérateurs Turcs, Français et Moyens Orientaux. De plus, peu de temps après l’annonce du consortium gagnant (Divona/Orange), le patron d’Orascom Najib Sawaris a annoncé l’introduction de son entreprise Tunisienne, Tunisiana, au marché principal de la bourse de Tunis avant la fin de l’année en cours. Les marocains, champions du tapage médiatique, espèrent enregistrer en tourisme les mêmes résultats des années précédentes : leur slogan innovateur «