La journée était cauchemardesque sur les Bourses mondiales. La tempête qui affecte les places financières depuis environ un mois a redoublé d'ampleur : l'indice large paneuropéen, le Stoxx 600, a chuté de 4,77 %, son plus fort recul depuis mars 2009. Depuis le début du mois, il a perdu presque 15 %. Le CAC 40 a dégringolé de 5,48 %, effaçant la quasi-totalité de son rebond du debut d ela semaine. Francfort a plongé de 5,82 %, du jamais-vu depuis 2008. Stockholm a même fondu de 6,73 %. L'ouverture dans le rouge de Wall Street a porté le coup de grâce ; le S&P 500 a terminé sur une baisse de 4,46 %, le Dow Jones a perdu 3,68 %. Le VIX, l'indice de volatilité, a brutalement remonté : il s'établissait à 43,41 % à la clôture.
Le marché s'inquiète de plus en plus de voir la croissance mondiale chanceler, après tout une série d'indicateurs négatifs, ces dernières semaines -tel le PIB en zone euro, mardi. Jeudi, les doutes sur la conjoncture ont été exacerbés par des indicateurs américains. Les marchés, d'ores et déjà en mode panique, sont très sensibles aux données macroéconomiques (surtout celles venant des USA).
L'activité manufacturière de la région de Philadelphie s'est effondrée en août, atteignant son plus bas depuis mars 2009. L'indice de la Fed de Philadelphie est ressorti à - 30,7, alors que les économistes pariaient sur une légère hausse. C'est une grosse surprise. Les investisseurs sont d'autant plus sensibles à cette statistique qu'elle est l'une des premières pour le mois d'août.
Les autres indicateurs publiés ont également pour la plupart déçu. Sur le marché du travail et l'mmobilier, deux faiblesses de pays de l'Oncle Sam, les demandes d'allocation chômage ont augmenté plus que prévu et les reventes de logements ont rechuté le mois dernier.
Les grands brokers ont abaissé tour à tour leurs anticipations sur l'économie et les marchés. Morgan Stanley a revu à la baisse sa prévision de croissance mondiale à 3,9 % cette année (contre 4,2 % initialement prévu) et à 3,8 % en 2012 (contre 4,5 %). Les Etats-Unis et la zone euro flirtent dangereusement avec la récession (définie comme deux contractions trimestrielles consécutives du PIB), selon les économistes de la banque, même s'ils écartent ce scénario noir. Morgan Stanley évoque même une baisse du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), l'an prochain. Deutsche Bank, de son côté, a revu sa prévision sur le PIB chinois. La veille, UBS avait modifié ses projections sur les marchés pour la fin d'année, tablant sur un Stoxx 600 à 280 points (contre 310 précédemment), et n'exclut pas un recul si le ralentissement se transformait en récession modérée, voire marquée. Goldman Sachs avait aussi révisé sa projection sur les marchés début août. Les valeurs cycliques et financières ont encore été en première ligne. L'indice bancaire en Europe a lâché 6,74 %. Barclays a chuté de 11,5 %, Commerzbank de 10,4 %. A Paris, Société Générale a dégringolé de 12,3 % (après le record avoisinant les 20 % de la semaine dernière), malgré les restrictions sur les ventes à découvert imposées la semaine dernière dans plusieurs pays, dont la France.
Les bourses asiatiques, ainsi que le pétrole, n'ont pas fait mieux, ce matin. A Tokyo, l'indice Nikkei 225 cédait 2,15 % à la mi-séance et Séoul plongeait de 4,49 %. Dans la matinée, Hongkong lâchait 2,48 % et Shanghaï, 1,34 %. Sydney perdait 2,83 % à la mi-journée. Le pétrole évoluait, lui aussi, en nette baisse, déprimé par la mollesse de l'économie des Etats-Unis, premier consommateur mondial. Dans les échanges matinaux en Asie, le baril de light sweet crude perdait 1,69 dollar, à 80,69 dollars, tandis que celui du brent de la mer du Nord cédait 68 cents, à 106,31 dollars.
Un article publié au « Wall Street Journal » évoquant les inquiétudes de la Réserve fédérale américaine sur la capacité des filiales aux Etats-Unis de banques européennes à maintenir un niveau adéquat de liquidité, au cas où leurs maisons mères seraient contraintes à rapatrier brutalement des capitaux, a accéléré la baisse. L'axe Franco-allemand échoue jusqu'à présent au là où Barack Obama a échoué. Les principaux dirigeants des grandes économies du monde sont en vacances ou viennent tout juste de reprendre leurs activités. D'autre part, nous inquiétons quant au rôle de la nouvelle présidente du FMI qui a gardé le silence (ou presque) notamment comparée à son prédécesseur. Parallèlement, le sommet franco-allemand de mardi n'a pas réussi à apaiser les craintes des investisseurs. Le projet de taxation financière, aux contours flous, a contribué à peser sur le secteur financier, de l'avis de spécialistes. Les observateurs attendaient beaucoup plus; notamment une augmentation des impôts sur les grandes fortune