2011-06-13

La Grèce : un pays de la zone Euro est, désormais, de même niveau de crédibilité financière que l'Angola ou le Bangladesh

Standard & Poor's a abaissé de trois crans la note de la dette souveraine de la Grèce, jugeant le risque de défaut accru. Soit la plus faible note accordée par S&P à un pays dans le monde (de "B" à "CCC", et l'a assortie d'une perspective négative). Désormais, un pays de la zone Euro est de même crédibilité financière que l'Angola ou le Bangladesh. La note est reflète la faillite et le le haut risque de défaut de payement. Et Pourtant, la Grèce a emprunté aujourd'hui 1,625 milliard d'euros à six mois, à un taux de 4,96% en légère hausse par rapport à celui qu'elle avait obtenu lors de la dernière émission similaire d'obligations il y a un mois, a annoncé l'agence de la dette publique. Ceci dit que les investisseurs croient tjrs à un plan de sauvetage renforcé de la part de l'UE.
Trois solutions sont aujourd'hui sur la table des financiers tunisiens :
Rééchelonnement des remboursements 
Cette solution a été formulée hier par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et semble tenir la corde. Ce dernier propose aux créanciers privés d'échanger les obligations d'Etat grecques en circulation contre des obligations à maturité rallongée de sept ans. Le ministre part du principe que les créanciers privés doivent apporter « une contribution chiffrée et substantielle à l'effort de soutien » à la Grèce. Wolfgang Schäuble ajoute que ces détenteurs privés de titres de la dette grecque doivent être laissés libres d'adopter ou pas cette solution. L'Association bancaire allemande n'est pas opposée à cette proposition. Les banques allemandes et françaises détiennent près de 70 % de la dette grecque contractée à l'étranger. Hier, l'entourage de Jean-Claude Juncker affirmait que cette solution emportait l'adhésion de la quasi-unanimité des pays de la zone euro. Derrière l'Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, l'Autriche, le Luxembourg et la Slovaquie seraient favorables à la solution allemande. Problème : l'échange de dette a toutes les chances d'être qualifié de défaut par les agences de notation car elles sont pénalisantes pour le créancier. Or, un défaut pourrait affecter en chaîne les autres dettes européennes. Il mettrait aussi à genoux le système bancaire grec, riche en dette domestique. La BCE, qui détient 45 milliards d'euros d'obligations d'Athènes, est farouchement opposée à l'idée de Wolfgang Schäuble.

renouvellement des prêts 
Connue sous le nom d' « initiative de Vienne », cette solution est préconisée par la France. L'Italie et l'Espagne la suivraient. La BCE et le FMI n'y seraient pas opposés. L'initiative de Vienne se fonde sur l'engagement volontaire des créanciers privés de renouveler leurs prêts pour des titres de même durée dès que les obligations qu'ils détiennent arrivent à échéance. Les agences de notation préviennent que même cette issue pourrait être taxée de défaut. Elles doutent du caractère réellement volontaire d'une telle initiative. Bart Oosterveld, le responsable du risque souverain chez Moody's, déclare qu'« il est difficile d'imaginer que, dans les circonstances actuelles, les créanciers privés pourraient faire volontairement une chose pareille». Pourtant, plusieurs experts, à l'image de Jean-François Robin, chez Natixis soulignent que le volontariat pourrait être encouragé par des éléments incitatifs : les taux d'intérêt pourraient être sensiblement plus élevés que les actuels. Ou encore les revenus des privatisations qu'Athènes réalisera pourraient être utilisés en garantie des nouveaux titres de la dette grecque émis par syndication. Les experts comptent au minimum sur un renouvellement des prêts de 30 milliards d'euros dans les trois ans. « C'est du maquillage qui ne permettrait que de gagner du temps », objecte un analyste de crédit. Un maquillage qui aurait pourtant l'avantage d'être indolore pour les banques grecques et européennes.

refinancement intégral par le fmi et les européens 
La solution préférée par la BCE serait de financer l'intégralité des besoins de la Grèce par de nouveaux prêts du Fonds européen de stabilité financière et ou par des prêts bilatéraux, sur le modèle du programme d'aide actuel. Le tout en échange d'engagements stricts et vérifiables d'Athènes à accomplir tout le nécessaire pour redresser les comptes publics, en particulier un programme très ambitieux de privatisations. Cette solution est en perte de vitesse. Elle se heurte à l'hostilité des parlements des pays les mieux notés par les agences de notation à un soutien trop généreux aux pays dits du « Club Med ».

défaut de la dette 
Cette solution est écartée par tous les protagonistes, Grèce en tête. En revanche, la réduction du montant remboursé de la dette (« hair-cut ») a bonne presse auprès des fonds spéculatifs et des banques d'affaires anglo-saxonnes. Ceux-ci sont les grands acteurs du marché de gré à gré des contrats d'assurance contre le défaut de la dette, les « Credit Default Swaps » (CDS).

5 comments:

  1. Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a affirmé vendredi que l'Europe était en retard sur les Etats-Unis dans le rétablissement de son système bancaire.
    "Les Européens ont laissé croître leurs systèmes bancaires jusqu'à être massifs par rapport à la taille de leur économie, beaucoup, beaucoup plus grand par rapport à leur économie que le nôtre d'une certaine façon", a déclaré le ministre lors d'une conférence à Hanover (Nouveau-Hampshire, Nord-Est).
    Ils "ont eu beaucoup de problèmes et d'une certaine manière ils font pire que nous et sont très en retard sur nous pour les régler", a-t-il ajouté.
    "C'était une erreur similaire" aux Etats-Unis et dans le reste du monde qui a provoqué la crise financière, a-t-il estimé.
    "Une erreur similaire que les banques ont faite au travers de l'histoire qui est de ne pas se projeter dans l'avenir, de ne pas se préparer à la probabilité que le monde soit plus instable, que nous soyons confrontés à des récessions, que les prix des maisons baissent, ne montent pas toujours", a-t-il expliqué.
    Afin d'éviter de telles crises à l'avenir, il a plaidé pour des obligations plus strictes en matière de fonds propres. "Je ne connais pas de meilleure solution que celle-là", a-t-il souligné.

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  2. Le président américain Barack Obama s'est impliqué directement lundi dans les pourparlers avec les républicains du Congrès sur le relèvement du plafond de la dette, dans l'espoir d'arrêter le compte à rebours vers un défaut de paiement qui serait "calamiteux".
    "Toutes les personnes présentes ont estimé qu'un accord reste possible", a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, à l'issue d'une rencontre lundi matin entre M. Obama, son vice-président Joe Biden et le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid.
    "Les démocrates et l'administration (Obama) ont montré qu'ils voulaient bien effectuer des choix difficiles sur des sujets ardus, et il est important que les républicains fassent de même et s'en prennent à leurs vaches sacrées", a ajouté le porte-parole, Jay Carney, lors de son point de presse quotidien.
    Le dirigeant de la minorité républicaine à la chambre haute, Mitch McConnell, était pour sa part attendu en fin d'après-midi dans le Bureau ovale.
    Ces deux réunions interviennent à cinq semaines du 2 août, date après laquelle, selon le Trésor, le pays ne sera plus en mesure de faire face à ses remboursements d'emprunts si le Congrès n'a toujours pas voté le relèvement du plafond de la dette.
    La dette brute de l'Etat fédéral, de quelque 14.300 milliards de dollars, a atteint à la mi-mai le plafond autorisé par le Congrès. Les républicains, qui contrôlent la Chambre des représentants, conditionnent leur vote à l'adoption de coupes budgétaires drastiques.
    Les pourparlers entamés le 5 mai entre M. Biden et les parlementaires ont capoté jeudi dernier après le départ du chef de la majorité républicaine de la Chambre, Eric Cantor, opposé à toute hausse de la fiscalité.
    Lundi, avant de se rendre à la Maison Blanche, M. McConnell a réaffirmé qu'il était hors de question d'envisager des hausses d'impôts "contreproductives d'un point de vue économique" mais aussi "impossibles d'un point de vue politique" à faire voter par le Congrès.
    M. Obama concède qu'une réduction des dépenses est nécessaire, mais il souhaite aussi que les plus aisés paient davantage d'impôts. Il refuse des coupes qui grignoteraient les grands programmes sociaux. La Maison Blanche qualifie cette stratégie "d'approche équilibrée".
    "Allons-nous perpétuer un système qui permet de subventionner les recettes des compagnies pétrolières et gazières, par exemple, ou les propriétaires d'avions d'affaires, puis appeler à effectuer des coupes dans la sécurité alimentaire ou la météo, des services que le gouvernement fédéral doit vraiment rendre aux Américains?", s'est interrogé M. Carney lundi.
    Le porte-parole a réaffirmé qu'un accord était possible: "si tout le monde veut bien renoncer à son attitude du +tout ou rien+ et accepter l'idée qu'un compromis bénéficiant aux Américains va requérir des choix difficiles, nous pourrons parvenir à une réduction importante du déficit cette année".
    Mais M. Carney a aussi mis en garde les élus contre l'idée de "jouer avec le feu" en ce qui concerne la dette fédérale. "Laisser les Etats-Unis faire défaut serait calamiteux", a-t-il prévenu.
    De fait, les instances internationales observent avec inquiétude ces négociations, au moment où la crise de la dette grecque ébranle déjà la confiance et alors que l'économie américaine peine à remonter la pente de la récession de 2007-2009.
    Le 17 juin, le Fonds monétaire international avait appelé le Congrès à relever le plafond de la dette, s'alarmant du "risque d'une réaction négative majeure de la part des marchés" à l'approche de la date fatidique du 2 août.

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  3. En l'absence d'accord sur la dette, le FMI évoque un «choc grave» pour l'économie américaine. L'institution appelle le pays à réduire ses dépenses et dégrade ses projections sur la dette publique.

    Le FMI sonne l'alerte. Alors que démocrates et républicains peinent à trouver un accord sur le relèvement du plafond de la dette américaine, estimée à 14.300 milliards de dollars, le Fonds monétaire international évoque un «choc grave» pour les Etats-Unis si aucun accord n'est trouvé à temps. De fait, si les parlementaires ne parviennent pas à s'entendre avant le 2 août prochain, le pays pourrait ne plus faire face à toutes ses obligations et se retrouver ainsi en défaut de paiement.

    Aux yeux des économistes du FMI, «bien entendu, le plafond de la dette de l'Etat fédéral doit être relevé rapidement pour éviter un choc grave pour l'économie américaine et les marchés financiers mondiaux».

    Le FMI, insatisfait des projets de baisse des dépenses
    Les Etats membres de l'institution de Washington ont ainsi appelé le pays, premier actionnaire du FMI, à procéder doucement à la réduction de ses dépenses budgétaires. Dans leur rapport annuel, les économistes du FMI se sont toutefois montrés insatisfaits des projets du gouvernement et de la majorité républicaine à la Chambre des représentants pour diminuer le déficit budgétaire. Ils déplorent des propositions «trop concentrées en début de période compte-tenu de la faiblesse du cycle (économique), et, en même temps, insuffisantes pour stabiliser la dette vers le milieu de la décennie».

    Le Fonds a ainsi «recommandé que le projet de réduction du déficit comprenne autant de mesures spécifiques que possible, et a noté qu'une exposition claire des objectifs budgétaires à moyen terme, formellement adoptée par le Congrès, était essentielle». Et le Fonds ajoute: «La stratégie devrait comprendre une réforme de la protection sociale, y compris des économies supplémentaires dans la santé, ainsi que des hausses de recettes, y compris en réduisant les niches fiscales».

    Les États-Unis tentent de rassurer
    Parallèlement, l'institution a dégradé ses projections pour la dette publique américaine. Le FMI mise désormais sur une dette de 99% du PIB en 2011 et de 103% en 2012 alors qu'au mois de juin il visait respectivement 98,3% puis 102,3%.

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  4. La crise politique en Grèce fait craindre une sortie de la Grèce de la Zone euro car de nombreux partis sont très hostiles aux mesures d'austérité imposées par la Troïka. Certains envisagent même une sortie de la zone euro et pourraient entrer au Parlement Grec. La difficulté de cette question tient au fait que l'on considère cette situation comme catastrophique alors qu'elle donne l'espoir d'un rebond. En fait, il faut faire le distinguo ici entre les conséquences économiques négatives immédiates d'une sortie de la zone euro, et les conséquences positives à plus long terme. Dans le cas où elle reste dans la zone euro, les créanciers doivent être remboursés et chaque perte sous la forme d'une décote ou non est un coup dur pour le secteur bancaire exposé. Cette faillite déguisée car interne à la zone euro entraine la nécessité quasi permanente de recapitaliser les banques d'un coté et de faire bénéficier à la Grèce des prêts du Fonds Européen de la Stabilité Financière (FESF) de l'autre. Mais les prêts ne sont que de nouveaux prêts à rembourser. Lorsqu'il n'y a pas de croissance en face, le système est un cercle vicieux connu maintenant avec austérité, baisse des salaires, chômage, et creusement de l'endettement à la clé.

    Dans le cas d'une sortie unilatérale de la zone euro, d'abord la Grèce créerait une nouvelle monnaie. La Grèce pourrait retrouver sa politique monétaire. Ensuite, certes la Grèce dévaluerait mais avant il faut qu'elle convertisse ses créances en Drachme (90% de la dette privée est sous droit national). Un peu comme en Argentine en 2001, il y aura à court terme une récession car la fermeture du marché des capitaux oblige à résorber immédiatement le déficit. L'économie étant mono spécialisée il faudra donc une forte dévaluation. Certains économistes estiment à 70% la dévaluation nécessaire. Dans ces conditions, l'inflation augmenterait et le revenu baisserait. Mais au bout de 6 mois, la situation pourrait s'améliorer très rapidement comme en Argentine. La monnaie serait de nouveau acceptée et l'inflation maîtrisée. La production repartirait assez rapidement. Une reprise des exportations dans le domaine touristique, agricole, fret, services liés au commerce permettrait de relancer la production grâce à la baisse du change. L'économie gagnerait en compétitivité par une voie offensive et non par la baisse des salaires (Michel Aglietta 2012).

    Quelles en seraient les conséquences pour la zone euro ? L'essentiel des commentateurs évoque cette question sous le vocable de contagion ou risque systémique. Ici, le problème serait d'éviter la contagion, le risque d'illiquidité bancaire, et d'insolvabilité des Etats. Mais la contagion existe déjà au sein même de la zone euro, il suffit de voir l'évolution des spreads pour s'en convaincre. En revanche si la Grèce rétablit sa monnaie, la perte pour la Grèce est liée à la dette libellée en euro multipliée par la dépréciation. Mais si elle reste dans la zone euro, le coût est la valeur de l'aide à verser à la Grèce et rien ne dit que ce montant actualisé soit forcément inférieur à la dette libellée en euro multipliée par la dépréciation. De Plus, il n'existe pas d'Europe politique ce qui complique toujours davantage l'appel à la solidarité dans une région ou les taux de croissance avoisinent zéro et où aucune perspective réjouissante en termes de croissance n'est envisageable en Grèce. Ces trois derniers points alignés montrent que ces aides deviennent tout simplement de moins en moins crédibles. Certes, rien ne nous dit qu'elle ne fera pas défaut sur le restant de la dette en euro pour une partie, auxquels cas c'est un coût supplémentaire de sortie mais qui serait rapidement compensé par la relance à long terme des exportations. Une sortie de la zone euro pourrait donc être la meilleure solution.

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  5. La crise grecque a fait tomber jeudi le cours de Bourse du Crédit agricole, l'une des principales banques françaises, à son plus bas niveau historique, soit 3,0 euros, en baisse de 3,51% sur la seule séance de jeudi.

    Le titre Crédit Agricole a souffert de l'exposition de la banque à la crise en Grèce. Le Crédit agricole y possède une filiale, Emporiki, qu'il avait essayé de renforcer en début d'année en augmentant son capital de 2 milliards d'euros.

    Après dix jours de tractations politiques infructueuses pour former un gouvernement de coalition, un exécutif "de service" a été nommé à Athènes pour expédier les affaires courantes et préparer le scrutin législatif du 17 juin, le deuxième en moins de deux mois.

    Dans le même temps, l'indice CAC 40 de la Bourse de Paris a perdu 1,20% à 3.011,99 points dans un volume d'échanges très modeste (2,420 milliards d'euros) en ce jour férié en France pour cause de fête de l'Ascension.

    A l'image de Crédit Agricole, les autres valeurs bancaires de la Bourse de Paris ont une fois de plus pâti des inquiétudes concernant leurs homologues grecques et espagnoles.

    Bankia, quatrième banque cotée espagnole qui vient d'être nationalisée, s'est effondré de plus de 13% à la Bourse de Madrid, alors que le journal El Mundo affirme que ses clients, inquiets, ont déjà retiré plus d'un milliard d'euros ces derniers jours. Des informations toutefois démenties par le gouvernement.

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