A ce temps où la communication autour du Forum annuel de l'Atuge (Association des Tunisiens des Grandes Ecoles) atteint son apogée, je reviens sur mes registre pour publié un CR de l'une des conférence du forum 2010 (un cr que j'ai co-écris avec un ami à la dite assiciation). Il s'agit de la conférence atuge "les tic est ce que c'est l'avenir ?". Avant gout avant le GO pour l'édition de 2011.
Les échos d’une manifestation culturelle ou d’affaires s’estompent, à peine que les lumières d’une autre s’allument. C’est ainsi que nous aimons, nous les Tunisiens en France, le paysage de l’activité tunisienne à Paris. Notre curiosité et l’amour que nous portons dans le cœur pour servir notre pays et plaider pour une coopération francotunisienne globale, nous poussent à afficher disponibilité et enthousiasme. De mai à juin, pas moins de cinq manifestations tunisiennes communautaires se sont déroulées à Paris. L’Atuge France (l’Association des TUnisiens des Grandes Ecoles), avec son forum annuel, a ouvert le bal le 30 mai. Le groupement des sociétés Nearshore services a pris la relève le 03 juin et ce avant de passer la main aux organisateurs du SITAP du 04 au 06 juin. Les hommes d’affaires tunisiens établis en Europe prennent la relève pour leur 12ème réunion annuelle le 05 juin. Le 19 juin, c’est l’équipe du magazine 00216 qui organise son premier championnat de «Chkobba» (Scopa, jeux de cartes) à l’esplanade Habib Bourguiba sur les quais de la Seine. Autant de manifestations pour relativiser le dépaysement et favoriser les rencontres. Dans ce qui suit, nous nous intéressons au forum de l’Atuge France et plus précisément à la conférence « Les TIC, est-ce l’avenir ?».
Vue la position de choix qu’occupe la Tunisie en termes d’attraction d’IDE, notamment celles opérant dans les TIC (les Technologies de l’Information et de la Communication), le club Technologies de l’Atuge France a choisi de lancer le débat autour de l’avenir des TIC au niveau planétaire. Ceci permettra d’anticiper le nouveau positionnement des pays émergents, dont la Tunisie, sur l’échiquier des TIC. Nous avons été, agréablement pris, par le nombre des présents (Atugiens venus de Tunis, de Londres et de Francfort pour partager avec ceux qui sont basés en France idées et valeurs) et la qualité du débat. Les TIC sont en évolution perpétuelle. Les ruptures technologiques et les crises économiques ne cessent de redistribuer les cartes entre les acteurs (individusentreprises et pays). Ce constat est considéré comme une véritable opportunité pour lespays émergents pour créer de la richesse, de l’emploi et pour atteindre le développement escompté.
Les TIC ont changé la planète
« Les TIC regroupent les moyens et techniques utilisés dans le traitement et la transmission des informations. Il s’agit d’un secteur extrêmement vaste et omniprésent, incluant la micro-électronique, les serveurs, les réseaux informatiques, le multimédia, l'ecommerce et les services tel que l’outsourcing IT ». C’est ainsi que Monsieur Thierry
MENNESSON (ACCENTURE, directeur mondial du conseil en stratégie et transformation IT) définit les TIC. Les TIC évoluent et rendent le monde plus intelligent. Cette évolution se fait aussi bien sur le plan technologique que sur le plan tarifaire. A performance égale, les coûts ne cessent de baisser. A titre d’exemple, comme le confirme Monsieur Ouahid SEGHIR (IBM Global Services, Industry Executive Consultant - IT Strategy), le prix d’un Gigabyte de disque qui coûtait environ 200 000$ dans les années 80 ne coûte que 0.07$ aujourd'hui. Sur le plan technologique la transformation est, également, ahurissante.
Nous assistons, aujourd’hui, à plusieurs évolutions majeures dans les TIC ; voire même à une métamorphose : Primo, l’émergence du Cloud Computing rend les entreprises, jusqu’à présent propriétaires de leurs infrastructures et plateformes informatiques, des simples utilisatrices. Secundo, nous assistons à une véritable multiplication de données et de terminaux. Ceci obligera les entreprises à se pencher sur la résolution des problématiques liées à la gestion des données destinées à des terminaux différents et à développer des plateformes multi-canal.
Tertio, il y a une tendance majeure vers l'utilisation intelligente des données. Les entreprises se dotent de plus en plus de capacité de traitement et d'analyse des données.
Quarto, la collaboration fluide (réseaux sociaux, web 2.0 et web 3.0) ne cesse de se confirmer en tant que tendance TIC indispensable dans les prochaines années. En effet, l’interaction de l'entreprise avec son écosystème (ses clients, ses fournisseurs et ses employés) a changé avec l'avènement des réseaux sociaux. Comme le confirme Monsieur Ouahid SEGHIR, le monde devient un petit village de plus en plus outillé, de plus en plus interconnecté et de plus en plus intelligent. Ces évolutions ont eu un impact fort sur les entreprises. Par exemple, les industriels utilisent aujourd'hui des robots pour automatiser les chaînes de montage et les banques de détail utilisent les
distributeurs d’argent pour servir leur clientèle tout en diminuant les coûts. Toutes ces
évolutions sont devenues possibles grâce aux TIC. Monsieur Nils FONSTAD (eLab INSEAD/MIT, membre du Forum Economique Mondial) rebondit sur l'idée pour ajouter que les TIC améliorent globalement les performances des entreprises. D'ailleurs, il rappelle l’initiative de PROCTER & GAMBLE qui a créé un centre de services partagés IT
supportant toutes les Business Units qui le constituent. Cette opération a permis à chaque BU de se recentrer sur le cœur de son métier et de mieux répondre aux besoins de ses clients, bien sûr tout en réduisant les coûts à long terme.
Quelle place pour les pays émergents sur l’échiquier des TIC ?
Monsieur Jean-Michel HUET (BearingPoint, responsable de l’entité Emerging Markets et expert dans le secteur des Télécoms & Media) nous a rappelé que les TIC ne sont pas simplement l’exclusivité des pays développés. Beaucoup de pays émergents voient dans les TIC un vecteur de développement économique et social. Les TIC créent de la croissance dans ces pays. Un rapport récent de la Banque Mondiale approuve ce constat.
En effet, si l’augmentation du taux de pénétration du mobile de 10% se traduit par une croissance de 0,6% du PIB en France, celle-ci induit une croissance de 0,8% du PIB dans un pays émergent. Aussi, les TIC contribuent d'une manière significative à la création des emplois dans ces pays. A titre d’exemple, l’arrivée d’un nouvel opérateur mobile (Digicel) en 2005 à Haïti a fait passer le taux de pénétration de la téléphonie mobile de 5% en 2006 à 33% en 2008 et a engendré la création de 90 000 emplois directs et indirects (estimation BearingPoint). Il ajoute que les Télécoms ont représenté 1/4 de la croissance du pays pendant cette période.
Outre les Télécoms, les TIC participent au développement des autres secteurs. Elles se substituent aux équipements et à l'infrastructure nécessaires au développement des économies des pays émergents : En Afrique, où 1/4 des routes seulement sont goudronnées, les TIC permettent aux agriculteurs de suivre les prix de vente des produits agricoles sur le marché sans être obligés de se déplacer. Grâce à ses plateformes informatiques, FoodNet a rendu ce service possible en Ouganda. Dans le même sens, Monsieur Michel HUET affirme que certains pays émergents innovent dans les usages des TIC et devancent les pays développés. L’explosion du m-payment, qui représente 1/3 du transfert du cash au Kenya, du m-health et du télé-enseignement dans les zones rurales sont des exemples qui illustrent ce constat.
Monsieur Imed AYADI (Président du Get’IT et directeur général des opérations chez OXIA) confirme ces points en prenant la Tunisie comme exemple. Le gouvernement Tunisien a misé, assez tôt, sur les TIC pour créer de l’emploi et de la richesse. Les plans stratégiques de l’état le témoignent clairement. Il rappelle que la Tunisie se focalise, également, sur l’outsourcing des services IT. D’ailleurs, le gouvernement a lancé plusieurs projets pour améliorer son positionnement à l’international dans ce créneau. Monsieur Christian MANIVEL (Fondateur et PDG de cabinets de conseil en stratégie et organisation des entreprises) nous a rappelé les fondamentaux de l’outsourcing des
services IT. Il s'agit, avant tout, d'un contrat de service assujettis de résultats formalisé et d’un prix. Donc, c’est un métier qui nécessite un vrai savoir-faire et une bonne maîtrise du service externalisé : « on n’externalise bien que ce qu’on gère bien ». Même si, aujourd'hui, l’outsourcing IT se présente sous des nouvelles formes (Managed services, Infogérance, SaaS, etc.), il a conservé les mêmes fondamentaux. Monsieur Thierry MENNESON a enchainé pour nous rappeler les principaux facteurs d’attraction d’un pays pour les activités d’outsourcing. Selon lui, il s'agit, essentiellement, de l’attrait financier (salaires et taxes), la qualité et la disponibilité des compétences (les
pays qui ont une forte population comme l’Inde et la Chine sont, d’ores et déjà, plus avantagés), la qualité de l'environnement (infrastructure, politique, concurrence, etc.) et enfin le respect des lois de la propriété intellectuelle. Depuis cinq ans, les leaders dans ce créneau sont l’Inde, la Chine et la Malaisie. Les pays de l’Europe centrale commencent à devenir plus compétitifs, mais les coûts salariaux commencent aussi à augmenter. Les pays de l’Afrique du Nord restent toujours attrayants. Selon un classement dressé par ACCENTURE, l’Egypte fait partie des 10 premières destinations, la Tunisie des 20 premières et le Maroc des 30 premières. Les pays de l’Afrique du Nord ont gagné environ 10 places dans ce classement au cours des dernières années. Néanmoins, pour le cas de la Tunisie, deux facteurs d’attraction sont structurellement impossibles à améliorer : il s’agit du coût salarial (une baisse des salaires implique une baisse du niveau de vie) et de la disponibilité en masse des compétences.
Les compétences : l’indispensable pour le développement des TIC
La question des compétences apparaît comme un élément clef dans le débat sur l’avenir des TIC. Monsieur FONSTAD nous a informé qu’il a mené des recherches sur la compétitivité des pays dans les TIC à l’INSEAD. Il a réussi à démontrer que 59% de la compétitivité d’un pays peut être expliquée par les compétences des individus du pays (e-competencies). Ces compétences peuvent être répertoriées en trois types. Le premier type est dit « General skills » ; il consiste à l’illettrisme et les compétences de base (de types langues et mathématiques) ; d’ailleurs point d'excellence de la Tunisie. Le deuxième type est dit « occupational skills » et regroupe des compétences plus
opérationnelles (technologies, gestion d’équipe, etc.). Et le troisième, « global knowledge economy talent » concerne les compétences managériales de haut niveau. Globalement, la Tunisie obtient un rang très honorable dans le eLab's skills Pyramid (classement INSEAD). Avec un score de 4.78/5 , elle est positionnée juste derrière le Japon et devant Hong-Kong. Néanmoins, il faut rester vigilent. Si la note du premier type des compétences a tendance à s’améliorer (+2%), la note du deuxième et du troisième type (-4%) a plutôt tendance à se détériorer. Monsieur AYADI a affirmé qu’il n’est pas toujours facile de trouver des managers ayant une bonne culture générale et une bonne connaissance du monde l’entreprise. Il nous a rappelé, par ailleurs, que pour attirer les hauts profils en Tunisie, il faut, absolument, s’aligner sur les normes internationales en termes de salaire et de qualité de travail. Le spectre du recrutement, aujourd’hui, est désormais la planète.
« Les compétences dans les TIC se développent tout au long de la carrière », « Les professionnels des TIC doivent bien gérer leurs carrières » nous a lancé Monsieur Said ELINKICHARI (Cabinet de recrutement GEC, directeur général). En plus des expériences à l’étranger, il a insisté sur des aspects clefs : il ne faut jamais rester trop longtemps dans une même société, éviter les périodes de chômage, rester dans le cœur de métier
des entreprises et ne pas rester systématiquement dans une zone de confort (se
challenger continuellement durant sa carrière).
La conférence sur les TIC a tenu ses promesses en termes de richesse du débat et des conclusions ; elle était d’ailleurs au même niveau que le forum Atuge France dans sa globalité. Placé, cette année, sous le thème « Education et Employabilité, Comment se préparer aux enjeux de demain ?» le forum de l’Atuge touche encore une fois un sujet d’actualité nationale en Tunisie. Mais ce n’est pas fini, l’Atuge Tunisie a assuré, le 30 Juin, la deuxième manche. C’est à l’hôtel Sheraton à Tunis qu’elle a regroupé professionnels, universitaires et jeunes diplômés autour d’une même table.